La protection des yeux est souvent négligée, probablement parce qu’elle représente une certaine contrainte, plus que le port d’un vêtement de travail ou d’un casque. Les réticences peuvent provenir de l’inconfort des dispositifs, de leur aspect inesthétique, et du caractère invisible du risque. Pourtant, les dangers pour les yeux sont bien réels et sont sources de maladies professionnelles mais aussi d’accidents du travail. Par exemple, les soudeurs à l’arc ont trois fois plus de risques que la population générale de développer une cataracte .
Parmi les autres dommages oculaires possibles chez les professionnels de tous domaines, on peut citer le traumatisme oculaire, la brûlure, le ptérygion, la conjonctivite, le mélanome oculaire… Les secteurs les plus touchés par les accidents de travail qui affectent les yeux sont le BTP, l’industrie métallurgique, les métiers du bois, la santé, et tous les domaines qui impliquent de travailler en extérieur. Des équipements de protection pour les yeux peuvent éviter ces dommages et permettre à tous les professionnels de préserver la santé de leurs yeux pendant toute leur carrière et après.
Les différents types de risques pour les yeux
Les lunettes de protection et autres dispositifs permettent d’éviter au maximum des risques de quatre natures.
Les risques mécaniques pour les yeux
Les risques mécaniques concernent la projection de particules solides dans les yeux et les chocs. On peut citer la projection de particules de bois lors d’entretien des espaces verts comme l’élagage et le débroussaillage par exemple, la projection de poussières lors des activités de nettoyage ou de ponçage, la projection de particules de métal lors du meulage…
Les risques chimiques pour les yeux
Les risques chimiques nécessitant une protection des yeux se présentent sous la forme de projection de particules liquides, de substances corrosives, de solvants, de gaz, mais aussi d’autres matières dangereuses. Les métiers à risques sont ceux du bâtiment, de l’industrie, de l’agro-alimentaire, de la santé, du nettoyage et du bien-être. Cela couvre un vaste spectre d’accidents qui peuvent arriver lors du mélange de peinture et la manipulation de solvants, lors de la préparation des produits phytosanitaires dans l’agriculture, mais encore au moment de la préparation des soins par les esthéticiennes… Le risque chimique est à prendre au sérieux, puisque dans 30 % des cas de brûlure chimique, la région céphalique est atteinte.
On peut inclure dans cette catégorie les risques biologiques pour les yeux, auxquels se soumettent les professionnels de la santé, mais aussi ceux de l’industrie agro-alimentaire et du traitement des déchets, lors des activités de nettoyage et d’évacuation de matières contaminées ou dans lesquelles se développent des micro-organismes.
Les brûlures oculaires thermiques
Le risque thermique pour les yeux peut provenir d’une exposition à la chaleur comme au froid, et également de la projection de métaux en fusion ou du contact du feu. Les professionnels de la restauration peuvent être soumis dans les cuisines, à l’ouverture d’un four très chaud par exemple, tout comme les opérateurs des ateliers de production agro-alimentaire.
Les risques pour les yeux liés aux rayonnements
Ils sont provoqués par les émissions de lumière bleue des écrans d’ordinateur, de rayons ultraviolets ou infrarouges, mais aussi de rayons laser. Ces risques se manifestent lors de nombreuses activités dans les domaines industriels, médicaux ou alors commerciaux. Ils nécessitent une protection oculaire professionnelle, et non de simples lunettes solaires.
Les équipements de protection qui protègent contre les rayonnements sont signalés par les normes suivantes :
EN 170 – filtres pour l’ultraviolet
EN 171 – filtres pour l’infrarouge
EN 172 – filtres de protection solaire pour usage industriel
EN 207 – lunettes de protection laser
EN 208 – lunettes de réglage laser
Les différents types de protection de l’œil et du visage
On distingue tout d’abord plusieurs types de protecteurs oculaires. Certains de ces EPI couvrent uniquement les yeux, d’autres protègent le visage entier. Les lunettes et masques de protection doivent comporter un marquage CE accompagné de la norme générale EN 166 mais aussi du numéro des normes spécifiques dont ils satisfont aux exigences.
Les lunettes de sécurité à branches
Les lunettes de sécurité à branches ressemblent aux lunettes que tout le monde connaît. Même si elles peuvent parfois être dotées de protections latérales, transparentes pour laisser le champ de vision libre, les lunettes à branches n’assurent pas l’étanchéité par rapport au milieu ambiant. Pour les personnes qui ont besoin d’une correction de la vision, il est possible de faire fabriquer des lunettes de protection correctrices ou de porter des surlunettes.
Les lunettes de sécurité à branches protègent généralement contre les chocs de particules de basse énergie, et contre les rayonnements ultraviolets, infrarouges, lasers et solaires (selon le marquage CE).
Les lunettes masques
Ces équipements de protection des yeux peuvent contenir un écran unique ou alors deux écrans séparés (appelés oculaires). Les lunettes masques se distinguent par la présence d’une monture souple qui assure l’étanchéité avec le milieu ambiant. Elles se maintiennent par un serre-tête élastique.
Le port des lunettes masques est recommandé pour la protection contre les chocs de particules de basse et moyenne énergies, contre les projections de gouttelettes, de poussières grosses ou fines, et contre les rayonnements ultraviolets, infrarouges, lasers et solaires (selon les caractéristiques de l’écran). Selon les modèles, elles sont efficaces contre les risques chimiques.
Les écrans faciaux
Ces équipements de protection protègent d’abord tout le visage. Ils sont attachés par une bande rigide ajustable ou élastique autour du haut de la tête, et disposent d’une visière qui couvre le visage. Cette visière peut être relevable, pour les cas où le port n’est pas obligatoire en permanence par exemple.
Les écrans faciaux protègent contre les projections de liquides, de produits chimiques et de particules comme la sciure de bois. Ils sont efficaces contre les chocs de particules de haute énergie, contre la projection de liquide et de grosses poussières (mais pas de fines poussières), et contre les rayonnements de toutes sortes (selon les caractéristiques de la visière mentionnées sur le marquage CE).
Les masques de soudeur
Les équipements de protection des yeux individuelle pour les soudeurs incluent le masque spécial. Celui-ci protège contre la projection de métaux en fusion et de solides chauds, et contre la chaleur radiante. Le port du masque de soudeur se recommande pour toutes les opérations de soudure à l’arc ou à la flamme car ils contiennent des filtres qui atténuent les rayonnements produits par le soudage.
Les protections individuelles oculaires pour les soudeurs comportent la mention des normes suivantes :
EN 169 – filtres pour le soudage
EN 175 – équipements pour les travaux de soudage
EN 379 – spécification concernant les filtres de soudage
Comprendre le marquage CE des protecteurs de l’œil
Outre la mention de la norme EN, le marquage CE inclut des symboles pour vous informer de la classe optique. Cela concerne la résistance mécanique, mais aussi des domaines d’utilisation des EPI pour l’œil.
La classe optique des lunettes et masques de protection
Classe optique 1 = Travaux continus
2 = Travaux intermittents
3 = Travaux occasionnels uniquement
La résistance mécanique des protecteurs de l’oeil
Pas de symbole = Solidité minimale
S = Solidité renforcée
F = Impact à faible énergie
B = Impact à moyenne énergie
A = Impact à haute énergie
Le marquage des domaines d’utilisation des EPI de l’oeil
Pas de symbole = Usage général
3 = Liquides
4 = Grosses particules, de taille supérieure à 5 microns
5 = Gaz et fines particules de poussière, d’une taille inférieure à 5 microns
8 = Arc électrique de court-circuit
9 = Métal fondu et solides chauds
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